Le Tango Roots Festival, du velours, des talons hauts et du bon son

 



A gauche Bertrand Allaume d’Audio-Technica et Bastien Peralta le mixeur du Festival.


Richard Garrido aime et danse le tango, mais il est aussi le PDG d’Audio-Technica Europe, deux bonnes raisons pour retrouver une foultitude de produits de la marque japonaise à Montreuil pour la 6è édition du Tango Roots Festival dont sa société est partenaire officiel.
Cela implique du son et du bon, d’où le partenariat avec Audio-Technica et le coup de pouce d’APG. L’infrastructure technique a été confiée à SNO TECHNIQUE, un prestataire basé à Lognes. Nous avons été accueillis pour la grande milonga d’ouverture du festival avec l’Orquesta Silbando et DJ Elisabeth Dussaud.


Nous avons été à cette occasion à la rencontre de Bertrand Allaume d’Audio-Technica et de Bastien Peralta le mixeur du Festival pour une vraie initiation à cette danse, à ses rites, ses inflexions sonores et a ses groupes.
Une découverte passionnante et très sonore. Hébergé à La Parole Errante dans une salle très bien décorée et disposant pour l’occasion d’une piste de danse en bois d’une qualité de finition remarquable, ce festival s’offre le luxe d’accueillir des danseurs vedette mais aussi des amateurs avec des orchestres en plus des DJ spécialisés en tango.

 

Les micros main « habituels » d’Audio-Technica, les Artist Elite dans les mains
de Bertrand. A gauche en rouge deux dynamiques AE4100, et le troisième et
bleu est un statique, l’AE5400

SLU : HF ?

Bertrand Allaume : Non, tout en filaire. Ils ne sont pas fans des HF et en plus il faut rester autant que possible en filaire avec des instruments acoustiques. Je suis ravi d’être ici ce soir car cela me permet de tester et d’écouter le rendu de mes micros sur ce type d’instruments, des choix parfois inattendus et originaux et qu’il faut pouvoir valider par un test grandeur nature.

SLU : De grosses déconvenues ?

Bertrand Allaume : Non, dans un cas c’est merveilleux et dans l’autre cela n’apporte rien. C’est rare que cela n’aille pas. On cherche toujours la pertinence dans nos choix qui sont validés ou pas durant les balances, quand les musiciens se prêtent au jeu ce qui a été le cas ce soir.
 

SLU : Vous avez donc prêté le parc micro de ce soir à SNO TECHNIQUE ?

Bertrand Allaume (brand manager d’Audio-Technica) : On a choisi des micros spécifiques dans notre catalogue pour suivre la fiche technique qui nous a été fournie. Il faut savoir que le Tango est totalement acoustique. Ce soir par exemple nous allons avoir piano, contrebasse, deux violons et deux bandonéons.
 

Une balade sur le plateau
 

SLU : Pas de problème pour s’accrocher aux bandonéons ?

Bertrand Allaume : Pas chez nous. On a des accessoires spécifiques et, par ailleurs, les joueurs de bandonéon ont tous des pattes rajoutées à leur instrument pour permettre de s’y agripper ou sont déjà équipés. Beaucoup d’entre eux choisissent d’ailleurs l’ATM350 qui est petit, fidèle et encaisse bien. Un nouveau modèle, l’ATM350a sera disponible dans quelques semaines (il l’est désormais avec de nombreux accessoires pour encore mieux le fixer et deux longueurs de flexible différentes. NDR).

SLU : Ce sont les 5040 sur le piano ?

Bertrand Allaume : Non, ce sont les 5045. Au lieu d’avoir 4 membranes comme le 5040 ce qui a un effet très positif sur le bruit propre du capteur, ils en ont qu’une très grande.


 

Le 5045, une paire de 5045, de très beaux micros à
condensateur à capture latérale grâce à leur
membrane rectangulaire qui les rend pratiques
pour repiquer un grand nombre d’instruments
acoustiques.

 

        

   Une vue de près d’un 5045 où l’on devine la
membrane rectangulaire. Chapeau pour la fixation.
Quand joli rime avec pratique.Une vue de près
d’un 5045 où l’on devine la membrane rectangulaire
. Chapeau pour la fixation. Quand joli rime avec pratique.

   
 

Luxe lié à un petit patch et à un gros stock de micros,
la contrebasse hérite de deux capteurs, le BP40 pour
la face et un 2500 pour les retours, un micro double
tête dont n’est employée que celle dynamique.Luxe
lié à un petit patch et à un gros stock de micros,
la contrebasse hérite de deux capteurs, le BP40 pour
la face et un 2500 pour les retours, un micro double
tête dont n’est employée que celle dynamique.

Agrippé à son bandonéon, un des deux 350 attend
sagement d’en prendre plein la bonnette. Il faut dire
que la façon typique de jouer sur la cuisse en
tapant  le soufflet, génère de belles transitoires.

SLU : Un des bandonéons est modifié pour accepter des micros…

Bertrand Allaume : Quasiment tous, ils disposent de fixations pour les repiquer classiquement en main droite et gauche. Un ATM 350 de chaque côté.

SLU : Et enfin les cordes…

Bertrand Allaume : Nous avons ce soir un violon et un alto. Le troisième violon ne sera malheureusement pas des notres. Ils sont repiqués de la même façon avec un ATM350 sur l’instrument lui-même et un AT4022 pour leur redonner un peu d’air. Ce dernier a été spécifiquement conçu pour reprendre des cordes, frottées ou pincées.

SLU : Et sur la contrebasse ?

Bertrand Allaume : On s’est fait plaisir. C’est le BP40, un dynamique à large membrane qui apporte beaucoup de détail. Comme on en avait presque trop pour les retours, on a placé un AE2500 en n’utilisant que la cellule dynamique qui apporte une belle rondeur qu’on exploite du coup aussi un peu en façade et à 100% dans les retours.
 

 


l’AT4022, un statique à électret omnidirectionnel
abordable et très utile pour redonner de la distance
et un son plus doux et aéré aux violons.


Un des ATM350 attend patiemment son violon
pour s’y agripper.
 

Tango : us, coutumes et son.

Tandis que nous visitons le plateau, Elisabeth Dussau la DJ « chauffe » la salle et permet au public de se régaler sur la piste aussi lisse qu’un green de golf. Trois tangos viennent d’être joués à la suite en CD, éclate alors un son venu de nulle part, anachronique, drôle, très décalé de l’univers tango.
On nous explique qu’il s’agit de la cortina, une sorte de respiration sonore qui marque l’instant où les danseurs se séparent et peuvent se parler avent que des couples se reforment et trois nouveaux tangos soient enchaînés pour leur bonheur, trois morceaux qui forment une tanda.



Arborant un sourire qu’on s’est empressé d’immortaliser, Bastien Peralta, le sonorisateur du Tango Roots Festival a pris quelques minutes pour nous répondre et nous initier un peu à cette musique et aussi à certaines de ses contraintes comme par exemple…

Bastien Peralta : Non, pas de régie face au système, dans le tango on doit se faire discret car la priorité est donnée aux danseurs et pas un mètre carré de parquet ne doit leur manquer.
Généralement je travaille avec un iPad avec lequel je peux mixer à distance tout en écoutant, comme ce soir je ne l’ai pas, je ferai des allers retours entre la salle et jardin où j’ai installé ma régie ou je demanderai à Hugo Heredia qui m’assiste de me donner des indications. J’ai sinon à ma disposition une QL1 Yamaha que je peux entièrement télécommander en WiFi.

De gauche à droite Bertrand Allaume brand manager
pour Audio-Technica, Bastien Peralta, sonorisateur du festival
et Hugo Heredia, assistant

 

SLU : Ton nom somme assez argentin ou je me trompe…

Bastien Peralta : Non c’est vrai, je le suis à moitié, mais ce n’est pas pour ça que je suis là. Mon côté argentin est venu après et je ne me suis pas vendu comme spécialiste du tango car ayant du sang argentin.

SLU : Mais désormais tu es connu pour ça non ?

Bastien Peralta : Oui, j’en mixe pas mal mais il faut dire qu’il n’y a pas beaucoup de mixeurs spécialisés sur cette musique et qu’il n’y a pas beaucoup de festivals qui disposent d’orchestres comme le Tango Roots.

SLU : Et quand tu ne mixes pas de tango ?

Bastien Peralta : Je travaille avec des groupes africains et des jazzmen, le Surnaturel Orchestra. J’aime bien la nature spécifique de la prise de son du jazz dont le son doit être aéré. On passe plus de temps à positionner les micros. Je sonorise enfin des pièces de théâtre, une bonne école pour ne pas mixer trop fort.

SLU : Audio-Technica étant partenaire du festival, tu as bénéficié d’une sacrée valise de micros (rires)

Bastien Peralta : Absolument. Nous nous sommes rencontrés avec Bertrand et on a bien échangé autour des micros. Les musiciens ont fait état de quelques demandes spécifiques et nous avons trouvé les bonnes réponses.

La QL1 en charge de face, retours et effets pour les deux,
une tâche dont elle s’accommode les doigts dans le nez car petit ne
signifie plus mou du genou ou du DSP…

 

 

SLU : Les musiciens paraissent être très proches les uns des autres…

Bastien Peralta : C’est la meilleure façon de s’entendre et le style musical veut ça, sans oublier que nous nous produisons souvent dans des lieux qui sont beaucoup moins bien équipés, il faut donc savoir donner sans avoir forcément la place où le matériel adéquat.
La pianiste Chloë Pfeiffer qui est aussi l’arrangeuse et directrice de l’Orquesta Silbando qui joue ce soir, a demandé en revanche à avoir dans ses retours ce qui est placé à cour et qu’elle a du mal à bien entendre or le piano dans le Tango mène le jeu avec le premier bandonéon et doit donc être parfaitement immergé dans le son.

Bertrand Allaume : L’avantage aussi du tango est que ça ne joue pas fort, culturellement on doit pouvoir se parler ce qui fait que même dans une salle comme celle où nous nous trouvons et qui n’a pas une acoustique étudiée, cela peut passer car on ne l’excite que très peu.

SLU : Ce soir tu vas jouer avec une seule marque de micros. Ca ne te gêne pas ?

Bastien Peralta : Non parce que la gamme est très vaste et offre plein de gammes et couleurs différentes et puis c’est rare d’avoir à sa disposition autant de produits différents. Je ne les connais bien sûr pas tous, donc je suis en mode découverte avant même de me poser la question de savoir si oui ou non je n’aurais pas préféré avoir d’autres marques sous la main.

SLU : C’est vrai qu’avant de faire le tour de la gamme d’A-T…

Bertrand Allaume : Il faut plusieurs années (rires !)

Bastien Peralta : Il est quand même fréquent aussi d’avoir toujours les mêmes références proposées par habitude et par commodité donc le fait de changer est très sympa.

Bertrand Allaume : Sortir de ses habitudes et de la zone de sécurité pour tester d’autres micros est une démarche qui prend du temps et nécessite d’avoir pas mal de modèles, la complicité du groupe et si possible, quelqu’un comme moi qui peut expliquer modèle par modèle et placement par placement ce qui évite de perdre du temps.

Et je peux t’assurer que j’apprends à chaque fois. C’est passionnant. Bastien par exemple place l’ATM350 au niveau de l’éclisse des violons pour laisser les musiciens attaquer leurs cordes comme ce style musical l’exige.
Et ça sonne bien, c’est super équilibré sans que l’archet ne soit trop proéminent. Un peu d’air avec l‘AT4022 et c’est fait.

SLU : Vous avez aligné les deux capteurs ?

Bertrand Allaume : Oui nous les avons remis en phase avec la console.

 

Une diffusion moderne APG UC206N . Trop ?

SLU : Qui a eu l’idée de placer des line-array ?

Bastien Peralta : C’est un deal avec APG et très classiquement une face a été montée et deux petits rappels ont été placés en fond de salle, mais ce n’est pas forcément la solution idéale pour le tango même si ça l’est pour concentrer l’énergie sur la piste de danse et ne pas trop aller exciter le reste de la salle.

SLU : Oui, c’est sûr que les deux rappels faisant face au système vont ôter plus qu’ajouter. Quelle est la solution communément employée en tango pour couvrir la piste en ce cas ?

Bastien Peralta : Ce qui est très intéressant c’est de créer des zones pour les danseurs. Avoir une seule face stéréo n’offre pas la même sensation quand on se place devant les enceintes ou au fond du parquet, même avec un line-array et sa décroissance plus faible.
L’idée est d’avoir plein de petites sources qui éclairent des zones sonores qui font que le son est le même partout, avec bien sûr des différences localement mais dont les tangueros s’accommodent.
Avec une grosse diff on retrouve la sensation du concert, mais pour celle de la danse, il faut plein d’enceintes, quitte à être localement un peu interférent.

Conclusion

Fin de la musique enregistrée jouée par la DJ, et souvent très ancienne et délicate à reproduire car ancrée entre 200 et 4000 Hz et place à un beau piano acoustique, des bandonéons, et des cordes. Même si tout est nouveau pour nous, du bon son, on sait encore le reconnaître.
Comme prévu, le SPL à trois chiffres fait relâche ce qui n’empêche en rien la dynamique d’être présente avec une très belle attaque des archets, des bandonéons et même du piano.

Il n’y a pas à proprement parler de section rythmique au tango, mais rien que les bandonéons donnent la cadence en employant la jambe du musicien sur le soufflet, ou l’inverse, ce qui génère cette attaque si particulière que les 350 restituent fidèlement.
Il en va de même avec la contrebasse, précise et ronde à la fois, même si un peu trop effacée du mix à mon goût. Le piano est très bien repiqué malgré un spectre assez court dans le grave, quelque chose de voulu car, une fois encore, le tango n’a pas besoin d’infra. Tout un autre monde.

Après quelques allers-retours dans la salle et parfois même sur la piste, Bastien obtient le son recherché, tout en retenue mais avec de jolies réverbérations et la précision qui est nécessaire aux danseurs pour s’exprimer. Si l’on en juge par leur nombre sur la piste et leurs applaudissements, ils aiment aussi. Beau boulot.
 


 
jeff Publié par jeff

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